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Dysphasie Normandie
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25 octobre 2008

Les tribulations d'un jeune dysphasque (4° partie)

Prise en conscience des problèmes

Lorsque je m'entendais parler, j'avais une très grande frustration. Je ne m'arrivais pas à me comprendre quand je m'entendais parler ! J'ai pris ainsi conscience du fossé important entre ma voix intérieure et ma voix extérieure La prise de conscience du handicap passe d'abord par l'acceptation de ce handicap et c'est grâce à cela que j'ai pu progresser. Ceci suppose que j'accepte que j'écris mal et que je parle mal. Cet état d'esprit me permet ainsi de mieux accepter les remarques que j'ai pu avoir plutôt que de les ignorer. Avant de parler, il faut toujours me dire de prendre le temps de parler. Pour l'écrit, je dois toujours me remettre en doute pour essayer d'apercevoir les mauvaises phrases et les mauvaises expressions et donc de les corriger. C'est un exercice mental difficile. J'essaye de parler à haute voix mes phrases pour voir si cela sonne bien.

Au collège, mon handicap se manifestait par la lenteur. On me reprochait d'être très lent mais c'était à cause du temps passé à essayer de bien comprendre les énoncés et à trouver mes phrases. Le plus souvent, je ne pouvais pas terminer mes contrôles. Si j'essayais d'écrire vite, c'était assez incompréhensible et maladroit. Pour être sûr d'avoir compris les consignes quand j'avais des difficultés, je demandais à ma prof de me les expliquer ou j'essayais de dire ce que je comprenais. Quand les consignes étaient claires (phrases courtes), je n'avais pas de difficultés. C'était différent quand les phrases devenaient complexes. D'ailleurs, j'ai pu avoir mon BEPC grâce aux points supplémentaires des contrôles continus. Mais, heureusement, les rééducations intensives avec mon orthophoniste m'ont permis de m'améliorer et surtout d'être compris malgré les phrases maladroites et les mauvaises tournures d'expression. J'ai donc pu dans mes contrôles exprimer, plus ou moins difficilement selon les cas, ce que je savais.

Les difficultés résidaient surtout dans la création (rédiger une histoire). Mais j'avais une méthode pour pouvoir faire mes contrôles surtout quand j'étais au lycée. Tout d'abord dans le temps dont je disposais, je laissais ¾ du temps à la rédaction et ¼ de temps aux connaissances (voir parfois moins). Sur un brouillon, je mettais très vite les connaissances. Ceci me prenait ¼ du temps. Pour le reste, je m'expliquais de manière assez brève. J'écrivais je pense quatre à cinq fois moins que les autres. Mais j'avais de bonnes notes du fait que j'avais pu mettre toutes mes connaissances (c'était du condensé).

J'ai pu avoir mon BAC : c'était le plus beau jour de ma vie car cela représentait pour moi une victoire contre ces problèmes de langage. Mes parents n'en revenaient pas. A aucun moment, ils avaient pensé que je pouvais aller si haut. Je suis allé à l'Université. Heureusement, il y avait beaucoup de math, donc pas trop l'occasion d'utiliser le français. D'ailleurs, dans les copies, je ne faisais pas de phrases (comme il fallait faire vite). J'utilisais beaucoup de graphiques et de symboles. De plus les contrôles étaient assez anonymes et beaucoup d'étudiants étrangers qui ne connaissaient pas trop le français étaient à l'Université… Ils corrigeaient en fonction du fond et non de la forme.

Mes problèmes m'ont rattrapé en DEA. Les profs étaient assez impressionnés par mes fautes de français (une faute toutes les deux lignes, beaucoup de fautes de syntaxe). Cela m'a remis le moral à zéro car je n'arrivais pas à m'en sortir. Assez désespéré j'en ai parlé à mon orthophoniste. C'est là qu'elle m'a dis que je ne pourrais pas progresser suffisamment pour éviter ces fautes. Comme je fais une thèse actuellement, mes fautes sont corrigées par mes parents et mon orthophoniste. D'ailleurs, j'aurai toujours besoin d'une personne tiers pour me corriger…

Le but est de domestiquer notre handicap et de trouver des stratégies… . C'est surtout grâce à mes parents et à leur présence que j'ai pu m'en sortir. Ils ont été là toujours pour m'aider à progresser. Ma réussite est le fruit d'une équipe ! Quand je reparle de ma jeunesse, mes parents me parlent souvent à cette époque de leur désespoir quand j'étais petit.. Pour ma part, ma stratégie a bien payé mais le plus difficile est l'attente des progrès. Le plus dur est de passer le primaire et le collège. Mais, c'est surtout à mes parents que je dois beaucoup.

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